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sanary sur mer - Page 5

  • A la librairie Baba Yaga.

    On a toujours aimé les librairies et on y prend toujours ses livres, plutôt que de faire appel à une entreprise efficace, certes, mais anonyme ; d’autant plus qu’on a la chance d’habiter tout près de plusieurs librairies qui ont également un bon site internet qu'on peut toujours consulter alors qu’on est encore en pyjama. Il suffit ensuite d’aller chercher les livres au cours d’une promenade ou d’un coup de bateau, voire de se les faire envoyer.
    A la librairie Baba Yaga, à Sanary, on va y fureter souvent. Elle est tout en longueur. Il y a toujours du monde ; il faut se pousser pour laisser passer quelqu’un, ou demander à quelqu’un de se pousser pour pouvoir passer. Les clients parlent à voix haute, ce qui facilite les échanges. Ainsi, à une dame qui disait ne plus se souvenir du titre du dernier Louise Penny, on a pu répondre alors que les libraires étaient occupées à parler à d’autres clients des livres qu’elles avaient lus elles-mêmes. Ainsi de ce monsieur qui, nous voyant hésiter entre deux Paul Cleave, nous en conseille un tout particulièrement. Ainsi de cette autre dame nous faisant remarquer, alors qu’on attend pour commander un livre, que celui qu’on tient dans la main, le dernier Paolo Cognetti, est bien joli, rose comme ça ; et à qui on répond qu’on l’a lu déjà, qu’on veut l’acheter pour l’avoir, qu’on l’a beaucoup aimé, on lui en raconte les grandes lignes, et on lui parle de Le garçon sauvage, elle écarquille les yeux, exprime vivement son envie de le lire, s’adresse à la libraire, qui repart en rayon, mais qui n’en a plus, elle doit le commander, le commande pour la dame. Ainsi de sa propre commande, objet en fait de la visite du jour : Victor Frankel, Découvrir un sens à sa vie. On explique qu’on veut le lire car Boris Cyrulnik le cite plusieurs fois dans son dernier livre, et on a noté un passage. On sort le petit carnet noir :

    « Victor Frankl disait qu’on ne pouvait supporter le monde que si l’on avait « la volonté de sens ». Pendant ses années à Auschwitz, il avait été en agonie psychique. Il s’étonnait de se regarder mourir avec un étrange détachement, et même une certaine curiosité. Il lui a fallu quelques mois pour découvrir que ce qui l’empêchait de se laisser aller à la mort, c’était un arbre au tronc noueux, un coucher de soleil ridiculement beau, le surgissement d’un souvenir d’enfance, une image lointaine qui revenait par surprise. »

    La commande est passée. On reviendra dans quatre jours. On a largement de quoi lire en attendant.

  • Les prochaines moissons.

    On ira un jeudi matin prochain au marché du Brusc. On poussera jusqu’au Gaou dont on fera le tour.
    On ira à pied à Bastian rendre visite à une amie et, avant de rentrer dans sa maison, on admirera à droite les collines qui s’étendent du Gros Cerveau jusqu’à la Ste Baume et à gauche Notre Dame du Mai.
    On fera de la confiture de poires ; il est grand temps.
    On continuera de fixer les lianes de l’ipomée.
    On cirera les meubles.
    On ira prendre un café sur le port de Sanary avant d’aller à la Médiathèque ; on n’oubliera pas d’aller prendre des épices à l’Aquarelle des Saveurs et de faire un tour à la librairie Baba Yaga.
    On ira chercher des légumes à Fabregas.
    On prendra le bateau pour traverser la rade, en plein après-midi.
    On terminera le poème qu’on a commencé à écrire et, peut-être, on cherchera à le publier en envoyant quelques courriers à des éditeurs.
    On invitera des copines pour un après-midi tricot/couture/broderie/gâteau/thé/papotages/rigolades.
    On fera un ménage digne de ce nom.